Chapitre 4

Je suis devenu fou de rage. Non mais sincèrement comment peut-elle venir chez moi, embêter ma famille? Elle veut encore plus me gâcher la vie qu'elle ne l'a déjà fait? Je croyais pas que ça serait possible!  Vous pensez que je suis dur? Qu'après tout c'est ma mère et que ce qu'elle m'a fait ne doit pas être si grave que ça? Alors laissez-moi vous racontez. Sur la vieille photo que vous voyez, c'est mon père et ma mère. Deux vrais alcolos. Mon père n'était pas très futé ni très courageux mais c'était un brave type, il était toujours gentil et aimant avec moi. Ma mère, elle, ne s'occupait pas de moi, elle préférait passer du temps avec sa grande amie la gitane (je ne sais même pas comment elle s'appelait, elle ne nous l'a jamais présenté).

Et puis un jour en retrant de l'école, il y avait un pompier dans la chambre de ma mère. Je lui est demandé s'il y avait eu le feu, elle m'a dit que oui et que c'était épouventable, qu'elle n'allait pas bien et qu'il fallait que je les laisse tranquille, le monsieur était en train de la réconforter. Tu parles!  C'est ce jour que j'ai compris que ma mère n'était là que pour l'argent de mon père et qu'elle le trompait dès qu'il avait le dos tourné. J'ai été très triste pendant plusieurs semaines, je pleurais dès que je rentrais à la maison, je n'aimais d'ailleurs plus y vivre.

Et puis un jour, mon père a découvert ce qui se passait; ma mère et son pompier (il revenait assez régulièrement celui-là) s'étaient endormis et dormaient encore quand mon père est rentré. Je pleurait dans ma chambre parce que je savais ce qui se passait. Mon père est venu me voir, il m'a demandé pourquoi je pleurais comme ça. Je lui est dit qu'il y avait quelqu'un avec maman. Il est devenu fou. Il les a chassé en frappant sur ma mère. En retour, celle-ci lui a dit que c'était mieux comme ça, qu'elle s'ennuyait avec nous et qu'elle serait plus heureuse avec le pompier. Je savais qu'elle n'aimait pas mon père mais là, j'ai appris qu'elle ne tenait pas non plus à moi. Je l'ai detesté. Mon père a fait une dépression; il est mort un an après et je me suis retrouvé à 10 ans dans un orphelinat miteux, qui puait le vieux, jusqu'à mes 18 ans.

Vous trouvez toujours que je suis dur avec ma mère? C'est la personne que je déteste le plus au monde et je ne lui pardonnerait jamais. Ce que je ne veux surtout pas c'est qu'elle s'approche de ma famille, qu'elle puisse leur faire du mal.
Alors, quand je l'ai vu avec Sabine dans le jardin, non seulement j'étais en colère mais j'ai pris peur. Je l'ai chassé de chez nous, de manière violente c'est vrai mais je ne veux pas qu'elle puisse penser que les choses pourront un jour changer.

Sabine m'a semblé choquée que je réagisse comme ça, que je puisse être violent qui plus est avec ma propre mère. Elle n'a pas dit grand chose ce soir-là.
Le lendemain matin, à table, elle m'a posé des questions:
- Pour quoi tu ne m'avais jamais dit que ta mère était encore vivante?
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, elle est morte pour moi!
- C'est horrible de parler comme ça, je suis sûre qu'au fond elle n'est pas si méchante!
- Ah si tu peux me croire!  Et je ne changerais pas d'avis!
C'est à ce moment là qu'Edouard dit:
- Alors on a une mamie et elle est méchante?
Comme aucun de nous deux n'a su quoi répondre, il est parti dans la salle de bain se doucher sans dire un mot.

Sabine aussi s'est levée. Elle m'a regardé et m'a dit:
- Ce n'est peut être le moment mais je veux que tu me racontes tout. Je te laisse trois jours mais je veux tout savoir. Là je ne te comprend pas et tu me fais peur. Je suis ta femme quand même!
Et elle est partie s'occuper d'Emma dans sa chambre, je l'entendais lui parler de moi comme si j'étais fou.
Le soir, je lui est tout raconté, elle m'a prise dans ses bras et n'a rien ajouté.

Les jours qui ont suivi nous n'avons pas reparler de tout ce qui s'est passé mais je suis sûr que ma mère à une idée derrière la tête, qu'elle va revenir et qu'on ne se débarrassera pas d'elle facilement. Je me demande bien ce que ça peut être mais j'en suis sûr.
Edouard a senti que quelque chose n'allait pas. Il s'est renfermé encore plus que d'habitude. Nous avons donc décidé de lui acheter un chiot, tout d'abord parce que c'est un enfant très sage qui travaille bien à l'école et ensuite parce que je ne veut pas qu'il soit perturbé ou devienne associal à cause de cette vieille harpie qui me sert de mère.
La petite chienne s'appelle Cracotte, elle est adorable et a redonné de la joie à toute la famille. Même Emma passe son temps à lui faire des calins!